Les derniers chiffres sur le marché du travail au Maroc au deuxième trimestre de l’année en cours, qui viennent d’être publiés par le HCP, sont loin d’être rassurants. A l’exception de l’agriculture et de la construction, qui ont connu une certaine dynamique, les autres activités peinent à retrouver leur niveau de 2019. Globalement, on retrouve les mêmes caractéristiques du marché du travail, avec des taux d’activité et d’emploi insuffisants (notamment pour les femmes), une prédominance des travailleurs sans aucun diplôme (près de 50%), un chômage structurel qui touche principalement les jeunes diplômés, et la persistance voire l’aggravation du phénomène de l’emploi non rémunéré.
Ainsi, si le taux d’emploi au Maroc a légèrement augmenté par rapport à la même période de 2020, passant de 39,3% à 40,2% au niveau national (+0,9 point), il faut reconnaître que cette augmentation a eu lieu principalement dans les zones rurales. Dans les zones urbaines, en revanche, on observe une baisse de 0,7 point (35,6% à 34,9%). Dans tous les cas, le taux d’emploi reste inférieur au niveau enregistré avant la pandémie (42,1% au deuxième trimestre 2019). En revanche, le volume de l’emploi a augmenté de 405 000 emplois, résultant de la création de 414 000 emplois en milieu rural et d’une perte de 9 000 en milieu urbain, contre une perte de 589 000 au deuxième trimestre 2020.
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Sur les 400 000 emplois créés dans le secteur agricole au Maroc, seule la moitié est rémunérée
Comme on peut le constater, ces créations d’emplois sont dues aux conditions climatiques favorables qui ont permis une campagne agricole exceptionnelle, avec plus de 103 millions de quintaux, un record rarement atteint. Mais là encore, sur les 400 000 emplois créés, un peu plus de la moitié (215 000) sont des emplois rémunérés. Le reste (190 000) sont des emplois non rémunérés, sous forme d’aides familiales et autres. Une sorte de corvée qui ne dit pas son nom, en somme ! La persistance de cette forme d’exploitation de la force de travail, composée principalement de jeunes et d’enfants, est une manifestation du sous-développement de nos campagnes, qui n’ont pas reçu la même attention dans les politiques publiques que l’agriculture capitaliste moderne.
Concernant la répartition de la population active par secteur, sur les 10 892 000 actifs estimés au 2ème trimestre 2021, le secteur des » services » emploie 45,2%, suivi de » l’agriculture, sylviculture et pêche » avec 33,1%, de » l’industrie y compris l’artisanat » avec 11,1% (dont 44% d’activités artisanales) et de » la construction » avec 10,5%. Globalement, près de sept salariés ruraux sur dix (70,7%) travaillent dans » l’agriculture, la sylviculture et la pêche « , et deux tiers des salariés urbains (66,6%) travaillent dans le secteur des services.
Ces données confirment une remarque précédente sur le caractère » déformé » du capitalisme marocain : un monde rural sous-équipé et un monde urbain dominé par les activités de survie. En effet, quand on voit que les deux tiers de la population active sont employés dans les » services « , il y a de quoi être sérieusement inquiet. L’industrie, censée être un moyen de développement de la société et de transformation des structures, n’emploie que 11% de la population active, artisanat compris, soit à peine 1,2 million de personnes. Seuls 677.000 travailleurs sont employés dans l’industrie, à proprement parler, si l’on se réfère aux données du HCP, qui reste la source autorisée en la matière.
Il est donc inutile d’avancer des chiffres fantaisistes qui n’existent que dans l’imagination de leur auteur, et qui donnent donc une image tronquée de la réalité. La réalité est la suivante : entre le deuxième trimestre 2020 et la même période en 2021, le secteur » industrie y compris artisanat » a perdu 53 000 emplois, contre 69 000 l’an dernier, avec, en parallèle, une création annuelle moyenne de 32 000 emplois entre les deuxièmes trimestres des trois années précédant la pandémie. Les seuls secteurs, hormis l’agriculture, qui ont créé des emplois sont les services et la construction. Ainsi, le secteur des » services » a créé 40 000 emplois, contre une perte de 30 000 à la même période l’année dernière et une moyenne de 149 000 entre les deuxièmes trimestres des trois années pré-pandémie.
Pour sa part, le secteur de la construction a créé 108 000 emplois, contre une perte de 9 000 à la même période l’année dernière et une perte annuelle moyenne de 27 000 emplois entre les deuxièmes trimestres des trois années prépandémiques. Quant au nombre de chômeurs, il a augmenté de 128 000 entre le deuxième trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1 477 000 chômeurs à 1 605 000, ce qui correspond à une augmentation de 9%. Cette augmentation est le résultat d’une réduction de 100 000 chômeurs dans les zones rurales et d’une augmentation de 228 000 dans les zones urbaines. En outre, il y a près d’un million de personnes qui sont sous-employées.
En ce qui concerne le taux de chômage, il a maintenu sa tendance à la hausse, enregistrée à la même période de l’année précédente. Il a augmenté de 0,5 point de pourcentage entre les deuxièmes trimestres de 2020 et 2021, passant de 12,3 % à 12,8 % au niveau national, avec une forte augmentation dans les zones urbaines, de 15,6 % à 18,2 %, et une baisse significative dans les zones rurales, de 7,2 % à 4,8 %. En revanche, le taux de chômage s’est aggravé chez les diplômés, augmentant de 2,2 points, passant de 18,2% à 20,4% entre les deuxièmes trimestres de 2020 et 2021.
La plus forte augmentation (trois points) concerne les diplômés du collège, le taux passant de 22,3 % à 25,3 %. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement moyen, quant à lui, a augmenté de 1,8 point pour atteindre 17,6 %. En résumé, le problème de l’emploi reste entièrement non résolu. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement tant que cette question ne bénéficie pas de l’intérêt qu’elle mérite dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Pour endiguer le problème du chômage et créer suffisamment d’emplois décents, il faut à la fois les moyens et la volonté. Or, dans le cas marocain, ces deux conditions sont loin d’être réunies. Ainsi, les moyens alloués à l’emploi sont insignifiants, et les incitations sont distillées au compte-gouttes. De plus, le pays a besoin d’une volonté politique forte pour mettre l’emploi au centre des politiques publiques et en faire une priorité.
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(Image en vedette par AbsolutVision via Pixabay)
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