ArcelorMittal se brûle les doigts ave l’aciérie italienne d’Ilva

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Lakshmi MITTAL a développé son entreprise, ArcelorMittal, le plus grand sidérurgiste du monde, à travers une série d’opérations à travers le monde. Certaines, comme la mégafusion de 2006 avec Arcelor, alors le plus grand producteur d’acier en Europe, ont été difficiles. Peut-être qu’aucune n’a autant affligé M. Mittal que la reprise d’une énorme aciérie à Tarente, dans le sud de l’Italie. Les problèmes bureaucratiques et juridiques, combinés à un horrible marché de l’acier, ont conduit le mois dernier M. Mittal à rompre l’accord qu’il avait conclu avec le gouvernement italien il y a un an.

Dans le cadre de cet accord de location-achat, ArcelorMittal avait accepté d’acheter Ilva, la plus grande entreprise sidérurgique européenne à site unique, pour 1,8 milliard d’euros (2 milliards de dollars) et d’investir 2,4 milliards d’euros supplémentaires pour nettoyer et moderniser une usine condamnée pour corruption et crimes environnementaux. Elle s’était engagée à payer 45 millions d’euros par trimestre pendant 18 mois pour la location de l’installation, un montant à déduire du prix d’achat. « Mittal avait vu une occasion de redresser une usine très mal gérée « , déclare Jason Fairclough de Bank of America Merrill Lynch. L’accord aurait fait de son entreprise la plus forte du sud-est de l’Europe.

Mais le moment était mal choisi. Partout dans le monde,  au cours des 18 derniers mois, les sidérurgistes ont été confrontés à une baisse de la demande chinoise et à une hausse de 40 % du prix du minerai de fer. Par ailleurs, les Européens doivent faire face à un appétit réduit pour l’acier de haute qualité de la part des constructeurs automobiles européens et à une augmentation de 70 % du prix des permis d’échange de quotas d’émission de l’UE depuis mi-2018, ce qui est très préjudiciable pour une industrie qui crache du carbone. Les tarifs douaniers du président Donald Trump ont également fait de l’Europe le dépotoir de l’acier russe, turc et  celui d’autres pays qui, autrement, auraient été livré en Amérique.

Malgré tout, ArcelorMittal s’attendait à ce qu’Ilva atteigne le seuil de rentabilité cette année. Au lieu de cela, elle perdra plus d’un milliard d’euros. Les vrais problèmes ont commencé cet été. Des rumeurs avaient circulé selon lesquelles le gouvernement italien pourrait priver Ilva d’une protection juridique contre les poursuites pénales en matière de responsabilité environnementale.

Le gouvernement avait mis en place un bouclier juridique, valable jusqu’à fin 2023, lorsqu’il avait nationalisé Ilva en 2013 après avoir saisi plus de 8 milliards d’euros d’actifs de la famille Riva, les anciens propriétaires. Et ce sur fond d’allégations de fraude financière et de crimes environnementaux par les procureurs. En 2012, les autorités italiennes avaient jugé que les émissions de poussières et de produits chimiques de l’usine avaient causé des décès, des tumeurs et des maladies respiratoires. Tarente déclare encore occasionnellement une «journée du vent», pendant laquelle les écoles proches de l’usine ferment pour éviter l’exposition à la poussière des gisements minéraux en plein air.

Le 3 novembre, le gouvernement italien a en effet révoqué l’immunité légale d’Ilva par une nouvelle législation. Le lendemain, ArcelorMittal a envoyé à trois administrateurs nommés par l’État un avis de retrait indiquant son droit contractuel de résilier l’accord si une nouvelle loi devait « entraver de manière significative » sa capacité à exploiter l’usine ou à mettre en œuvre son plan de redressement. « La protection juridique était une condition préalable à l’accord « , déclare Paul Weigh, porte-parole d’ArcelorMittal.

L’entreprise est également incommodée par la demande du gouvernement de fermer l’un des trois hauts fourneaux de Tarente en décembre, ce qui va considérablement réduire sa production.

La révocation a été échafaudée par le Mouvement des cinq étoiles (M5S), un parti anti-establishment fortement enraciné dans le sud qui gouverne en coalition avec le centre-gauche. Ses membres faisaient campagne depuis longtemps pour la fermeture de l’usine alors qu’ils étaient dans l’opposition. Après avoir d’abord soutenu le bouclier juridique, ils se sont ensuite prononcés en faveur de son abandon.

Giuseppe Conte, le premier ministre de centre-gauche, veut qu’Ilva survive. Elle emploie directement 10 700 personnes, et indirectement jusqu’à 60 000, dont la plupart dans les Pouilles, une région pauvre du talon de l’Italie. Le gouvernement est en pourparlers avec les Mittals pour sauver l’accord avant une audience le 20 décembre. M. Mittal et M. Conte pourraient encore parvenir à un accord pour rétablir le bouclier juridique.

Si les négociations échouent et que l’affaire est portée devant les tribunaux, le gouvernement soutiendra Ilva avec des prêts d’urgence pour protéger les emplois. Le traitement déplorable réservé par le gouvernement à quelqu’un qui est prêt à investir des milliards de dollars dans l’une de ses régions les plus pauvres, n’est pas de nature à encourager d’autres soumissions. Entre-temps, la réputation de l’Italie auprès des investisseurs étrangers s’est encore détériorée.

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