Les Pays-Bas vont accroître leur production de cannabis, ce qui pourrait créer une concurrence pour Bedrocan

Les Pays-Bas prennent des mesures pour stimuler la culture du cannabis médical dans le pays. Une mesure qui pourrait mettre fin à la position monopolistique, de longue date, du cultivateur néerlandais Bedrocan pour l’approvisionnement du pays.

Un processus de demande pour stimuler la culture du cannabis médical sera publié « ce printemps », a déclaré l’Office du Cannabis Médical (OMC) à Marijuana Business Daily.

Les Pays-Bas sont actuellement le principal fournisseur de cannabis médical en Europe, et cette décision suggère que le pays ne veut pas renoncer à cette position.

Un porte-parole de Bedrocan a souligné que la compagnie « soutient le gouvernement néerlandais en exigeant la plus haute qualité possible dans la production de cannabis médical dans l’intérêt des patients.

« Et nous pensons que la concurrence entre les producteurs est bénéfique pour la qualité des produits et donc pour les patients. »

Les sociétés internationales suivent de près l’expansion prévue étant donné que les Pays-Bas sont le plus grand exportateur de fleurs de cannabis à usage médical au monde. Et qu’ils sont, par ailleurs, voisins du grand marché allemand.

Pour anticiper, la société canadienne Aurora Cannabis a acheté des installations dans la municipalité de Wageningen, selon les médias locaux. Sachant que Wageningen abrite la plus grande université agricole au monde.

Bedrocan risque de perdre son monopole

Bedrocan est actuellement la seule entreprise aux Pays-Bas qui soit légalement autorisée à cultiver du cannabis à des fins médicales et pharmaceutiques.

Et ce, parce qu’elle est la seule entreprise à avoir obtenu une autorisation du ministre de la Santé, du Bien-être et des Sports. Et qu’elle ait été retenue à l’issue d’un appel d’offres basé sur la loi concernant l’opium.

La société néerlandaise produit pour le marché local et, par le biais de l’OMC, exporte du cannabis médical vers plusieurs pays européens et non européens.

Le dernier processus de demande de culture a débuté en avril 2018, mais l’OMC l’a interrompu moins de trois mois plus tard, publiant une explication détaillée de la décision en décembre dernier.

Dans le cadre de la procédure de sélection, l’OMC voulait que les candidats cultivent une culture expérimentale aux Pays-Bas.

Les régulateurs néerlandais ont alors reconnu que si la preuve d’une expérience de culture standardisée est essentielle, il devrait être possible de la réaliser sur des cultures en dehors des Pays-Bas. De cette façon, les candidats étrangers qui ont déjà des installations ailleurs n’ont pas à engager des frais inutiles pour participer à la procédure d’appel d’offres.

Une nouvelle procédure de candidature pourrait être lancée à tout moment.

Et si l’on considère la manière dont la dernière a avorté, il semble que la tenue d’une culture expérimentale aux Pays-Bas pendant la phase de candidature ne sera pas nécessaire cette fois-ci. Ce qui faciliterait la participation des cultivateurs.

Les règles du nouveau processus de demande ne sont pas encore publiques.

Un élargissement favorable aux Pays-Bas

Mariska Dreschler, directrice de GreenTech, pense que l’élargissement des possibilités de culture du cannabis aux Pays-Bas est une bonne décision pour les entreprises locales.

GreenTech, basé aux Pays-Bas, est l’un des plus grands salons horticoles du monde.

« Les producteurs néerlandais peuvent et doivent utiliser l’expertise qu’ils ont acquise au cours de décennies d’excellence horticole, en se lançant dans cette nouvelle culture prometteuse. Cela permettra de créer de nouvelles opportunités pour le pays, » a-t-elle déclaré.

Mme Dreschler a ajouté qu’il existe un grand potentiel de partenariats qui combinent les forces du Canada et des Pays-Bas.  » Mais si nous n’agissons pas rapidement, les talents continueront d’émigrer vers les pays dont les industries légales en croissance les accueillent « , a-t-elle averti.

Alors que les entreprises se préparent à entrer sur le territoire de Bedrocan, l’entreprise néerlandaise se prépare à réintégrer les marchés nord-américains.

En 2016, le partenariat de Bedrocan avec la société canadienne Canopy Growth s’est effondré, la première voulant se distancer des ambitions de Canopy en matière d’utilisation par les adultes.

Un moratoire convenu par les sociétés interdisant à Bedrocan d’exercer ses activités au Canada et en Amérique du Sud est sur le point d’expirer, et l’entreprise s’apprête à revenir rapidement sur ces marchés.

Le plus ancien marché d’Europe

Avec plus de 15 années d’existance, le marché du cannabis médical aux Pays-Bas est le plus mature d’Europe.

Selon le rapport de MJBizDaily, « Medical Cannabis in Europe », les pharmacies néerlandaises ont distribué 550 kilogrammes (1 213 livres) de cannabis médical en 2018 à un prix de détail moyen d’environ 6,15 euros (6,88 $) par gramme.

Son remboursement par l’assurance maladie est possible mais rare. L’Institut national de soins de santé néerlandais a réaffirmé à plusieurs reprises ces dernières années, qu’il n’y avait pas assez de preuves pour justifier l’inclusion du cannabis médical dans le plan d’assurance santé de base du pays.

Tout médecin néerlandais est autorisé à le prescrire pour n’importe quelle pathologie, mais, comme c’est courant en Europe, seulement en dernier recours médical.

Le nombre d’ordonnances est passé de 53 300 en 2017 à 49 500 en 2018.

Forte exportation de cannabis médical néerlandais

Alors que le marché intérieur néerlandais a stagné en 2018, le pays a exporté un record de 2 050 kilogrammes de cannabis médical pour la distribution en pharmacie, soit plus que les exportations de tous les producteurs canadiens de cannabis réunis.

En 2018, l’OMC a doublé les exportations vers l’Allemagne, atteignant 1 500 kilogrammes sur une base annualisée. Le gouvernement allemand s’attend à ce que sa première récolte nationale ait lieu à la fin de 2020. Cependant la quantité limitée de cannabis qui sera cultivée signifie que le pays dépendra des importations pour les années à venir.

L’année dernière, l’OMC a également accepté d’augmenter ses envois vers l’Italie, passant de 400 kilogrammes en 2018 à 700 kilogrammes en 2019.

D’autres pays reçoivent, des Pays-Bas, moins de 100 kilogrammes par an.

Un certain nombre de pays Européens et proche de l’Europe se préparent à contester la suprématie des Pays-Bas en matière de cannabis, notamment le Danemark, Israël, le Portugal et même Malte.

(Cet article a été mis à jour pour préciser que l’Office of Medical Cannabis contrôle le nombre et la sélection des fournisseurs de cannabis médical aux Pays-Bas, bien que Bedrocan ait été le seul fournisseur).

Alfredo Pascual

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